22 sept. 2011

Les tribulations du groupe FIAT en France

ou de l'impossibilité de s'imposer en terres françaises

Le gouvernement français ne facilite pas l'implantation de firmes étrangère sur son sol national. Le groupe  transalpin FIAT par exemple n'a pas ménagé ses effort pour s'installer dans l'hexagone. Il a non seulement effectué également d’importants investissements en France, mais il a aussi permis les transferts de technologie, qui profitent aujourd’hui encore à l’économie française. Alors que ce groupe italien a fourni et fournit toujours un nombre important d'emplois en France, son image de marque n'arrive pas à décoller auprès du public.

1926-1932 : 1ère filiale et 1er modèle produit

Le groupe FIAT fonde sa maison mère en Italie au siècle passé : la FIAT (Fabrique Italienne d'Automobiles de Turin), pour commercialiser des véhicules automobiles. 27 années plus tard, en 1926 déjà, le groupe FIAT fonde une première filiale en France : la SAFAF (Société Anonyme Française des Automobiles Fiat) pour commercialiser ses véhicules sur ce marché difficile. Les voitures FIAT sont alors assemblés en divers petits ateliers épars à Surennes (France). Le groupe FIAT produit son premier modèle en France en 1932 grâce à cette filiale SAFAF : c'est la Safaf 6, basée sur la Fiat 508 Balila. Du fait de ses innovations technologiques et de son prix abordable, cette voiture remporte un franc succès et sera commercialisée jusqu'en 1937.

1934-1947 : 2ème filiale, 1ère usine et 4 modèles produits

Le groupe FIAT fonde une seconde filiale en France en 1934 : la SIMCA (Société Industrielle de Mécanique et de Carrosserie Automobile) pour contourner le protectionnisme et échapper aux taxes de 150% grevant les produits non fabriqués en France. Grâce à cette filiale SIMCA, le groupe FIAT produit son second modèle en France en 1934 : la Simca 11, basée sur la Fiat 518 Ardita. Cette voiture luxueuse qui remporte également le succès, sera commercialisée jusqu'en 1937. Comme en 1935 le groupe Rootes sauve de la faillite la filiale du groupe anglais Sunbeam-Talbot-Darracq en France, le groupe FIAT sauve de la faillite en France les usines helvétiques Donnet-Zedel. (Le parisien Donnet avait racheté la firme suisse Zedel de 1896 à l'ingénieur Ernest Zürcher et au mécanicien Herman Luthy). A travers sa filiale SIMCA, le groupe FIAT acquiert ainsi en 1935 une première unité de production en France : l’usine de Nanterre (France), à la tête de laquelle le groupe FIAT nomme Monsieur Pigozzi,
Le groupe FIAT lance son troisième modèle en France en 1936, également grâce à sa filiale SIMCA : c'est la Simca 5, basée sur la Fiat 500 Topolino. Cette petite voiture, qui remporte à nouveau un franc succès du fait de ses innovations technologiques et de son prix abordable, sera commercialisée jusqu'en 1949.
En 1938, le groupe  américain Ford fonde une filiale en France : la Ford SAF et le groupe FIAT produit son quatrième modèle en France grâce à sa filiale SIMCA : la Simca 8 basée sur la Fiat 1100. Remplaçant l'antique Safaf 6 Balila, ce nouveau modèle remporte le succès et sera commercialisé jusqu'en 1951. Le gouvernement français intègre la filiale FIAT SIMCA dans un groupe étatique en 1942 : la GFA (Groupement Français Automobile) pour optimiser la production de véhicules en France.
Le groupe FIAT lance son cinquième modèle en France en 1947,  grâce à sa filiale FIAT SIMCA : la Simca 6, basée sur la Fiat Topolino C. Cette voiture qui remporte également un franc succès du fait de ses innovations technologiques et de son prix abordable, sera produite jusqu'en 1950.

1949-1951 : 3ème filiale, 2ème usine et 6ème modèle produit

Le groupe FIAT sauve la firme UNIC de la faillite en France en 1949, grâce à sa filiale SIMCA. C'est l'occasion pour le groupe FIAT de fonder une troisième filiale en France : la UNIC, spécialisé dans les poids lourds. Dans un premier temps, le groupe FIAT intègre sa filiale UNIC à sa filiale française SIMCA Industries. Par la suite, le groupe FIAT l'intègrera à sa propre filiale globale FIAT VI. L'acquisition de la firme UNIC par sa filiale SIMCA en 1949, autorise également le groupe FIAT à disposer d'une seconde unité de production en France : l'usine de Trappes (France). Le groupe FIAT lance un sixième modèle en France en 1951, grâce à sa filiale SIMCA : la Simca 9 Aronde basée sur la FIAT 1400 à carrosserie autoporteuse. Cette voiture remporte un franc succès du fait de ses innovations technologiques et de son prix abordable.

1953-1955 : 4ème filiale, 3ème usine et 7ème modèle produit

Le groupe FIAT sauve la firme MAP de la faillite en France en 1953  et le groupe FIAT fonde alors une quatrième filiale en France : la SOMECA pour commercialiser ses engins agricoles.
Pendant que le groupe Chrysler acquiert le groupe Rootes en Angleterre en 1954, le groupe FIAT sauve la filiale de Ford en France de la faillite en échange de 15% de sa propre filiale SIMCA. Par cette opération risquée, le groupe FIAT intègre la filiale française de Ford à sa propre filiale française SIMCA. L'acquisition de la filiale Ford SAF par sa filiale SIMCA autorise également le groupe FIAT à disposer d'une troisième unité de production en France en 1954, : l'usine de Poissy (France).
Alors que le groupe Ford acquiert en 1954, 15% de la filiale française de FIAT en échange de sa filiale Ford SAF, le groupe FIAT lance un septième modèle en France : la Simca Vedette I, basée sur la Ford Vedette. Cette voiture remporte en France un franc succès du fait de ses innovations technologiques et de son prix abordable, si bien que le groupe FIAT lance en 1955, une variante dans la gamme Vedette : la Simca Marly station wagon.

1956-1963 : 5ème filiale, 4ème usine et 8ème modèle produit

Le groupe FIAT acquiert la filiale française du groupe suisse Saurer, spécialisé dans les poids lourds en 1956 grâce à sa filiale SIMCA. Le groupe FIAT peut ainsi intégrer la filiale française de Saurer avec sa propre filiale française UNIC dans SIMCA Industries. Mais cette acquisition autorise également le groupe FIAT à disposer d'une quatrième unité de production SIMCA en France : l'usine de Suresnes (France). Par la suite, le groupe FIAT intègrera la filiale française du groupe suisse Saurer avec sa propre filiale française UNIC dans sa propre filiale globale FIAT VI.
Le groupe FIAT lance en 1957,  une variante dans la gamme Vedette en France grâce à sa filiale SIMCA : la Simca Ariane, basée sur le chassis Ford Vedette avec le moteur FIAT 1400. Cette même année, le groupe FIAT, pour utiliser les stocks de la gamme Vedette,  lance en France à travers sa filiale FIAT SIMCA les variantes  : Présidence, Chambord, Beaulieu et Marly. Mais, le groupe Chrysler acquiert 15% de la filiale FIAT en France au groupe Ford en 1958, sans que le groupe FIAT ne puisse s’y opposer. Cette même année 1958, le groupe Chrysler acquiert auprès du groupe FIAT 10% de la filiale FIAT en France en échange de 100% de la marque Talbot. Cette opération permet au groupe Chrysler de porter portant sa participation dans la filiale FIAT en France à 25%.
Le groupe FIAT acquiert la marque Talbot en France au groupe Rootes en 1958 et l'intègre à sa propre filiale SIMCA Industries en France. L'acquisition de la filiale Talbot par le groupe FIAT autorise également sa filiale SIMCA Industries à disposer d'une cinquième unité de production en France : l’usine de Suresnes (France). Cette même année 1958, la filiale française SIMCA permet au groupe FIAT de lancer en France une ultime variante dans la gamme Aronde, la Simca P 60 et un coupé Talbot Lago America équipé du V8 à soupapes latérale de la Simca Vedette.
Le groupe FIAT lance un huitième modèle en France en 1961, grâce à sa filiale SIMCA : la Simca 1000, basée sur la Fiat 850. Cette voiture remporte un franc succès du fait de ses innovations technologiques et de son prix abordable, jusqu’en 1980.
Mais, le groupe Chrysler acquiert 41% de la filiale SIMCA, sans que le groupe FIAT ne puisse s’y opposer et cette opération permet au groupe Chrysler de porter sa participation en France à 64% en 1963.

1965-1978 : 6ème filiale et 9ème modèle produit

En réponse à ce grignotage du groupe américain en France, le groupe FIAT intègre en 1965 sa filiale française SOMECA dans sa propre filiale FIAT Trattori. Le groupe FIAT intègre aussi en 1966 sa filiale française UNIC, la filiale du groupe suisse Saurer et la filiale SOMECA dans la division véhicules industriels de Fiat France S.A. (FFSA), elle même intégrée à sa propre filiale globale FIAT VI.
En 1970, le groupe Chrysler acquiert 100% de la filiale française du groupe FIAT et intègre SIMCA à sa propre filiale européenne, aux côtés de Barrerios en Espagne et ROOTES en Angleterre, sans que le groupe FIAT ne puisse s’y opposer.
Le groupe FIAT met alors un terme à l'aventure SIMCA en France, mais disposant de beaucoup de liquidités,  le groupe FIAT veut sauver de la faillite la filiale automobile du groupe Michelin d'entente avec ce dernier. Le groupe FIAT acquiert alors jusqu'en 1974 plus de 49% du capital de la firme Citroën en France en vue de son  rachat comme sixième filiale en France.
Bien que Michelin, Citroën et FIAT collaborent ensemble depuis longtemps et aspirent à cette prise de contrôle, le gouvernement français de l'époque s'immisce dans l'économie, en opposant son veto à cette reprise, pour de pures raisons nationalistes. Le groupe FIAT lance cependant un neuvième modèle en France en 1974, grâce à sa filiale FIAT Citroen : le Citröen C35, basée sur la Fiat 242. Cette voiture remporte un franc succès du fait de ses innovations technologiques et de son prix abordable, jusqu’en 1991. Mais les études pour produire un petit modèle basé sur le châssis de la Fiat 127, n'aboutiront qu'aux monstrueuses LN, LNA, AXEL et C15, qui avaient du reprendre le modeste châssis de la 104.
En réponse à l'attitude négative du gouvernement français, le groupe FIAT intègre sa filiale UNIC en France dans sa filiale IVECO  en 1975. Puis le groupe FIAT liquide ses 49% de participation dans la filiale automobile de Michelin et laisse le fabricant local de cycle français PSA se débrouiller avec la marque Citroen, malgré les accords conclus avec Michelin. Cette même année 1975, la marque Maserati, qui avait été acquise par Michelin en 1968 est reprise par de Tomaso et échappe au groupe FIAT.

1978-1998 : 7ème filiale

Le groupe américain Chrysler liquide en 1978, ses filiales Chrysler-SIMCA en France, Chrysler-Barrerios en Espagne, Chrysler-ROOTES en Angleterre.
En France, le groupe indigène PSA renomme cette ancienne filiale du groupe FIAT, du nom de SIMCA à celui de Talbot, après l'avoir reprise des mains de l'américain.
Cependant, cette même année 1978, peu rancunier, le groupe FIAT fonde sa septième filiale en France : la SEVELNORD pour fabriquer des utilitaires avec le groupe autoctone PSA.

1999-2017 : 8ème filiale

Le groupe FIAT fonde une huitième filiale en France en 1999 : l'IRISBUS pour fabriquer des cars avec le constructeur local RSA. Mais suite au retrait de ce dernier, la holding FIAT rachète 100% de la filiale IRISBUS active dans les cars, autocars et bus en 2003. Par la même occasion, le groupe FIAT met la main sur la firme Heuliez.
Cependant, en 2000, le groupe Fiat doit se séparer de son prestigieux département ferroviaire, qui produit les splendides Pendolino, au profit de la firme française Alsthom. Cette dernière entreprise compte bien utiliser les avancée technologique de FIAT pour améliorer les boggies de ses TGV, qui ne savent aller vite que tout droit.
D'autre part en 2012, le groupe FIAT acquiert aux États-Unis 61.85% du groupe Chrysler, ce qui lui procure de bien meilleurs débouchés que l'exigu marché français. Ironie de l'histoire, ce groupe américain, qui avait racheté la filiale française du groupe italien et l'avait ainsi empêché de s'installer de manière définitive en France, est maintenant lui-même une filiale de la holding FIAT avec ses marques Chrysler, Dodge et Jeep, bien connues des consommateurs français.
Alors, le groupe américain GM tout juste sorti de la faillite, prend une participation dans le groupe français PSA en 2012, pour sauver sa filiale allemande Opel. Ce rachat entraîne que le groupe américain Ford et le groupe allemand BMW cessent tout deux leur coopération avec le constructeur français PSA. D'ailleurs, en 2017, la holding FIAT qui produit dorénavant ses utilitaires dans sa filiale TOFAS en Turquie liquidera également sa filiale SEVEL détenue en France avec ce même constructeur local.
Ce bref historique démontre le peu d’attractivité du marché français, entièrement dévolu aux marques agrées par le gouvernement central de Paris et complétement fermé à la nouveauté. Le groupe FIAT, grâce à sa filiale américaine peut maintenant se désengager de ses alliances contre-productives et revenir sur le marché hexagonal avec des marques connues des consommateurs français telles Chrysler, Dodge et Jeep qui seront bien accueillies en ces terres peu hospitalières.

Source :  Wikipedia  (page actualisée le 12/07/2012)